La dissociation

J’ai rencontré des hypnotiseurs qui avaient peur de la dissociation. Je peux voir aussi en naviguant sur internet et en parlant avec des gens qu’elle peut aussi être mal comprise.

Je vous propose donc un article sur la dissociation. Attention je suis forcément biaisée moi aussi. Déjà je ne suis pas médecin, encore moins psychiatre. Puis, en tant qu’être humain, j’ai ma propre expérience de la dissociation. Enfin, en tant qu’hypnotiseuse, j’ai aussi une autre expérience de la dissociation.

Associé à / dissocié de

La dissociation n’est pas toujours un concept facile à appréhender. Il faut déjà parler du concept d’association. Être associé à quelque chose c’est le vivre avec ses sens. Quand vous mangez une glace, par exemple, vous pouvez voir la glace, la sentir avec votre nez et votre langue. Si vous mangez votre glace en rêvassant et que vous « revenez » en constatant que vous avez fini la glace, qu’elle a coulée, mais que vous n’avez pas le souvenir d’avoir le goût et l’odeur de la glace, alors vous n’étiez pas associé à votre dégustation. Vous étiez dissocié de la glace, vous ne la viviez pas (formulation étrange, je le conçois) mais vous vivez votre rêverie, associé à votre imaginaire.

L’intérêt de ces mécanismes serait d’être associé à toutes les choses sympas qu’il est possible de vivre et dissocié de ce qui n’est pas sympa, vous ne trouvez pas ? J’ai personnellement eu besoin de séances d’hypnose chez un praticien, et nous nous sommes rendu compte que j’étais branchée à l’envers ! J’étais associée aux événements peu sympas, et dissociée de ce qui était bien à vivre. Le branchement inverse est quand même beaucoup plus intéressant !

Pour bien comprendre l’intérêt de ce concept… Imaginez… Vous retrouvez vos ami.e.s, vos proches, pour vivre un moment très sympathique, d’autant plus après un an de privation. Vous aurez tout intérêt à vivre à fond ce moment-là, sans en être coupé !

Prenons un autre exemple que j’utilise personnellement. En cas de besoin d’un acte chirurgical, sur la jambe par exemple, vous aurez tout intérêt à mentalement vous couper de cette jambe pour limiter la douleur et l’inconfort. Si vous retirez toutes les sensations visuelles, auditives, kinesthésiques de cette jambe, vous pourrez obtenir une anesthésie.

Des branchements à péter les plombs

Parce que la métaphore de l’électricité marche plutôt bien, passons voir les moments où les branchements donnent des résultats… Hasardeux…

Face à la violence

Les victimes de violences vont sûrement se reconnaître dans la description qui suit… Face à un choc soudain, inattendu, violent, le cerveau fait sauter ses plombs internes. La victime n’est plus là. Imaginez que le cerveau est comme une salle de contrôle avec plein de « mini vous » qui gèrent toutes les fonctions nécessaires de votre corps. Face à la violence extérieure, le cerveau fait sonner l’alarme incendie, ou alors les « mini vous » se sauvent en courant de la salle de contrôle par eux-même. C’est ce qui donne cette impression que la personne est vide. Et cette énorme culpabilité de ne pas s’être défendu. Que l’agresseur peut reprendre par ailleurs en disant que sa victime n’a « pas dit non ». La victime n’a pas pu, les plombs ont sauté !

C’est un mécanisme assez terrible à première vue. Et pourtant, c’est tout de même bien pensé. Si les « mini nous » à l’intérieur se sont sauvés, ils n’ont pas vu l’horreur, ne l’ont pas enregistré. Il y a donc moins de douleurs, moins de peur. C’est l’anesthésie dont nous parlions plus haut. Toutefois le corps lui enregistre et n’oublie rien…

Quand la dissociation dure

La dissociation a quand même un côté pratique. Le problème est quand elle dure au-delà de ce qui était « nécessaire ». Reprenez l’exemple où j’étais associée à tout ce qui était mauvais et dissociée des événements les plus intéressants à vivre. La vie n’a pas la même saveur quand on est dissocié ! Tout est plus fade, a moins de goût. Les gens dissociés ont souvent cette impression d’être spectateur. La vie se joue sans eux, ils ne la ressentent pas. Ils n’ont pas de prise sur ce torrent qui coule sans eux.

Et cette dissociation concerne aussi les victimes de stress post-traumatique. J’ai écrit un article concernant cette problématique.

La dissociation à l’extrême

Comment se sentir accroché à la réalité sans la ressentir, sans avoir de prise sur ce monde ? La dissociation extrême va interroger la réalité même. Il faut bien justifier cette impression bizarre d’être spectateur de sa vie non ? C’est bien un signe que cette réalité n’est pas réelle ? C’est la déréalisation. L’individu touché peut même aller jusqu’à interroger sa propre existence…

L’individu n’est plus lui-même, c’est quelque chose d’autre qui apparaît dans le miroir. Avoir l’impression d’être hors de soi, que le monde perd ses couleurs, qu’une couche d’opacité est tombée sur le monde… Ces symptômes sont très angoissants pour ceux qui les vivent. Angoisse qui augmente les symptômes. Comme si ce n’était pas assez…

Reprendre le contrôle

Les derniers paragraphes ne donnent pas envie de vivre de la dissociation, même si ce phénomène semblait pratique au départ. Et pourtant, il y a un versant de la dissociation intéressant à vivre, et qui semble même recherché par l’humanité.

Quand vous lisez un livre, regardez une série, écoutez une musique qui vous embarque, où êtes-vous ? Repensez à cette oeuvre d’art qui vous a mis « hors de vous ».

Où sont les artistes quand, immergés dans leur art, ils créent quelque chose de sublime ?

La dissociation et l’hypnose

L’hypnose peut aussi amener à vivre de la dissociation. Elle peut même être recherchée par l’hypnotisé et l’hypnotiseur, comme moyen de vivre des choses qui sortent de l’ordinaire. Une main qui se lève toute seule par exemple, comme si elle n’appartenait plus à l’hypnotisé mais bougeait de son propre chef.

La dissociation peut être vue comme un moyen de vivre des phénomènes intéressants comme cette main qui bouge toute seule, et / ou utiles comme une anesthésie. Mais elle peut aussi permettre d’affronter des souvenirs ou des événements douloureux de sa vie. Eh oui, si la personne n’est pas là, elle aura beaucoup moins mal et son cerveau peut faire ses apprentissages !

La dissociation peut aussi permettre de reprogrammer son cerveau autrement, comme pour le cas des phobies. Si la personne n’est pas « là » quand l’objet de sa phobie est présent, alors il n’y aura pas de peur. S’il n’y a pas de peur… Le cerveau apprend que l’objet de la phobie ne fait pas peur. Couplé à d’autres techniques, ce procédé est d’une efficacité redoutable !

Une dissociation on / off

Nous avons vu une dissociation que la personne ne semblait pas savoir éteindre.

La dissociation en hypnose peut être allumée… Et éteinte ! De là à l’utiliser pour reprendre le contrôle…

Pour conclure…

La dissociation, bonne ou mauvaise chose ? Cette question doit être nuancée… J’espère avoir pu vous apporter des précisions et des éléments de compréhension. Nous pouvons en parler tous ensemble si vous le souhaitez.


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