J’ai regardé la série There she goes pour les beaux yeux de David Tennant, mais est-ce que ça valait le coût avec tout ce validisme dans chaque épisode ?!
Qu’est-ce qu’on met dans notre tête quand on regarde ce genre de choses à la télé ? Avec quoi nourrit-on notre imagination ?
(Et c’est parti pour râler)
Histoire de la série There she goes
Nous suivons une famille qui accueille un « heureux » évènement… La naissance de la petite Rosie. Certaines consultations de contrôles lors de la grossesse sont un peu bizarres mais ça devrait le faire non ?
Très vite, la mère se rend compte que sa fille n’est pas normale, et elle est la seule… Au fil du temps, la petite fille montrera de profonds handicaps dans ses apprentissages.
La série nous emmène dans la vie de cette famille, en mettant son passé et son présent en parallèle. Un passé où le couple explose en plein vol suite à l’arrivée de Rosie, et un présent où le petit bébé est devenue une tornade semant le chaos.
Plus que du courage des parents, c’est surtout une chronique du validisme.
Une histoire de validisme
Une enfant autiste ?
Je n’ai pas d’enfants. Je suis forcément biaisée. En revanche je fais partie de la catégorie des gens « bizarres » et même si Rosie ne parle pas avec des mots, je peux vous assurer qu’elle parle…
Il m’a fallu trois minutes de visionnage du premier épisode pour me rendre compte que la petite irait mieux avec un stim-toy… Surtout un stim-toy à mordre. Les stim-toys sont des jouets produisant une stimulation sensorielle particulière. Ces stimulations plaisent aux gens autistes, parce qu’elles permettent à ces personnes d’obtenir une stimulation dont ils ont besoin, ou de diminuer une sensation trop forte. Rosie n’arrêtait pas de mordre ses parents. Avec un stim-toy, elle aurait pu obtenir la stimulation dont elle avait besoin… Sans manger qui que ce soit !
Il faut attendre la fin de la série avant de pouvoir mettre un nom scientifique sur ce qui fait que Rosie est Rosie. Mais au début de la série, il n’y a pas besoin de ce nom pour comprendre que la petite fille semble autiste. Enfin… Clair pour ceux qui connaissent l’autisme. Ce qui n’est pas le cas des parents de la petite fille.
Diag ou pas diag ?
Diagnostic ou pas, l’autisme aurait pu être utilisé pour comprendre la petite. Et lui donner des stim-toys… Parce que outre mordre, la petite aime aussi casser des choses… Surtout ce qui est en verre. Alors trouver un stim-toy produisant cet effet aurait pu beaucoup lui plaire ! Et lui apporter les stimulations qu’elle recherchait…
Mais personne n’a expliqué ça aux parents. Ni pourquoi la petite en a autant besoin. Parce que la petite passe son temps à courir après des stimulations, et ses parents à l’empêcher de les obtenir ( oui bon, les bris de verre c’est dangereux…). Et il y a des moments où la petite trouvait des stimulations qui ne la mettaient pas en danger elle, sa famille, ou qui ne risquaient pas de détruire la maison… Comme mordre son hippopotame en peluche. Mais sa mère l’en empêche… Ou alors, se balancer d’avant en arrière au restaurant… Mais ses grands-parents n’aiment pas cette bizarrerie…
Résoudre le problème par la force ?
Les parents ont le contrôle total sur la petite fille dans le sens où elle est forcée de faire des choses qu’elle n’a visiblement pas envie de faire… Parce qu’elle se défend autant que possible pour empêcher la situation d’arriver. Mais pourquoi refuse-t-elle de faire certaines choses ? Comme aller au parc ? Est-ce qu’elle est gênée par les stimulations sensorielles qu’elle reçoit dans ces situations ? Lors de l’anniversaire de Ben, au restaurant, elle se couvre les oreilles parce qu’il y a trop de bruits. Serait-elle plus à l’aise avec un casque anti-bruit ? Pourquoi la petite n’aime plus la piscine ? (Est-ce qu’elle aimait vraiment ça au départ ou quelqu’un a décrété qu’elle devait aimer ?)
Mais personne ne se pose la question… Rosie est forcée. Outre le fait que forcer un enfant de cette manière c’est « pas sympa », puis forcer un enfant handicapé (parce que bon hein, le validisme le justifie apparemment), nous avons un autre problème… La petite fille ne peut pas se réguler « facilement » (sans mordre, casser…). Alors la pression s’accumule… Et elle explose. Les fameuses « crises autistiques »… Ces crises qui vont mettre les parents à rude épreuve… Et la petite fille aussi. (Cela dit, un adulte non handicapé, forcé de faire ce qu’il n’a pas envie de faire, aurait surement les mêmes réactions !)
Alors qu’ils auraient pu tous évoluer plus sereinement avec des stim-toys, et en « écoutant » la petite et ses besoins de régulation…
Une enfant « moins » que rien
Mais comment considérer que Rosie doit réguler quelque chose quand elle est considérée comme « moins » qu’un humain ? Même mon chien a plus de « valeurs » que la petite !
Tout au long de la série, Rosie va être rabaissée, considérée comme stupide, « moins qu’humaine ». Parce que Rosie l’anormale a pris la place de la Rosie normale rêvée par ses parents… Qui voudraient bien l’échanger contre un enfant normal, parfait, même si ça devait signifier la fin de Rosie (oui oui, sa mort).
Puisque Rosie n’est « visiblement » pas intelligente, alors il n’y a pas besoin d’écouter ses besoins et ses envies n’est-ce pas ? À plusieurs moments dans la série nous oscillons entre des scènes où la petite fille est enfin autorisée à se rouler dans la terre si elle en a envie, mais à expliquer à quel point elle a détruit la vie de sa famille.
Ça doit être dur à entendre, pour une petite Rosie… Curieux extraterrestre perdue au milieu de gens dont elle ne comprend pas la langue… Et qui ne comprend pas pourquoi tout est de sa faute.
Que comprend-elle ? Qu’est-ce qui se passe dans ses méninges ? Elle ne peut pas le verbaliser. Alors les adultes décident qu’il n’y a rien. Pourquoi s’embêter à développer les capacités d’un enfant « sans cerveau », qui a pris la place d’un enfant normal, et qui fait régner le chaos dans la maison ?
Et les parents en bavent. Mais ils ne décodent pas la langue étrangère de la petite. Et les professionnels qu’ils rencontrent ne leur donnent pas de traducteurs… Pourquoi chercher un dictionnaire de Rossie ? Pourquoi ne pas plutôt se casser la tête à essayer qu’elle soit enfin normale ?
Là encore, je n’ai pas d’enfants. Alors qu’est-ce que j’en sais hein ?
Même mon chien a plus de possibilités d’actions sur sa propre vie !
Je ne parle pas la même langue que ma chienne… Je ne peux pas la forcer à parler humain non plus. Et pourtant, j’ai appris à parler sa langue, elle a appris à parler la mienne… Nous avons mixé tout ça dans une langue commune. Et elle a plus de possibilités d’action sur sa propre vie que Rosie. Prunelle ne veut pas aller à la Poste et préfère rentrer à la maison ? Okay. J’ai besoin d’aller au magasin de laine ? Prunelle veut bien m’emmener… Okay… Et elle aura son remerciement à la fin… Et elle peut me balader où elle veut, qu’importe… Beaucoup de maîtres que je croise sont surpris de l’intelligence de Prunelle, qui n’est pourtant pas d’une race réputée pour être intelligente (comme les bergers allemands). Et pourtant, il se passe tellement de choses derrière son petit sourire charmeur ! (Serait-elle intelligente parce que j’ai passé du temps à lui apprendre des choses ?)
Peut-être qu’il se passe beaucoup de choses dans la tête de Rosie aussi…
Et puis ce que j’en ai c’est que j’ai appris beaucoup plus de choses sur mon propre fonctionnement en trainant dans les communautés de ces drôles de zèbres que nulle part ailleurs !
Une conclusion atténuant le validisme ?
Rien n’atténue le validisme dans la série. Dès qu’on a une petite pointe de « Mais attend peut-être que Rosie est intelligente », on a une vague de « j’aurais préféré un enfant mort ». (Vive le validisme)
Personne n’explique aux parents. Et la mère ressasse régulièrement qu’elle n’avait pas voulu ça.
On ne peut pas résoudre l’équation sans prendre en compte le handicap
Sans vouloir spoiler personne, quand on fait un enfant, il y a toujours un risque que la photocopieuse de l’ADN déconne à un moment donné. « Personne ne veut d’un enfant handicapé ». Et pourtant, le handicap est dans l’équation quoi qu’il arrive. Même une fois que l’enfant est né sans erreur de photocopie. Il peut toujours y avoir un accident de la vie. Le handicap ne devrait pas signifier la mort.
Le handicap de Rossie ne peut pas s’effacer en essayant de la faire se comporter comme une enfant normale. Tous les efforts en ce sens auraient pu être mis dans une recherche de comment aider la petite fille à être heureuse, en bonne santé mentale ( je veux dire par là sans exploser régulièrement parce qu’elle ne peut pas se réguler).
Les parents de Rosie en deviennent des abuseurs. Ils ne savent pas faire alors ils forcent. Et ça ne se passe pas bien donc ils crient. Et ils sont des parents courages alors que ça ne se passe pas bien, et que ça pourrait se passer mieux.
Très drôle…
En plus nous sommes censés rire des particularités de Rosie, qui aime cacher ses cacas dans la maison… Ou qui aime tant les X qu’elle peut courir après un camion FedEx. Mais pourquoi devrait-on rire de ça ? Surtout que cela amène de la détresse aux parents (et ça retombe sur la petite aussi).
Je me souviens d’une scène particulièrement déchirante où la petite explose et essaie de se frapper… Le père essaie de l’arrêter, de la bloquer, et sa détresse (au père) est si grande qu’il préférait que la petite se défoule sur lui au lieu qu’elle se blesse.
Pourquoi devrait-on rire de ça ? (Parce que le validisme ?)
Pourquoi montrer ça à la télé ? Pourquoi mettre cette histoire dans la tête des gens ?
Surtout si c’est pour ne rien expliquer à personne au final. Les autistes vont vite comprendre le problème. Mais ceux qui ne le sont pas ?
Pourquoi encore montrer le handicap de la façon dont il « détruit » la vie (comme le dit la mère) de la famille ?
Pourquoi ne pas montrer le point de vue de Rossie ? Le point de vue d’une personne qui ne comprend pas pourquoi le bruit lui déchire le crâne ? Une Rossie qui ne comprend pas pourquoi tout le monde lui crie dessus ? Ou pourquoi elle a absolument besoin de casser ce cadre ? Pourquoi personne ne comprend ce qu’elle veut ?
Et toutes ces personnes autistes qui regardent la série et à qui on dit que ce serait beaucoup mieux s’ils n’existaient pas… (Aaaaah le validisme…)
Pourquoi ?
Parce qu’il aurait fallu engager des gens qui sont handicapés… Qui sont les mieux concernés pour parler du handicap. On aurait très bien pu avoir l’aspect « réel », « honnête » tout en donnant d’autres clés de lectures aux spectateurs. Peut-être que nous aurons quelqu’un, dans une hypothétique future saison, qui donnera ces clés. La famille découvrira qu’il y a actuellement quelqu’un, dans cette tornade qui s’appelle Rosie.
Peut-être que la série n’a pas été écrite dans le but d’être violente envers qui que ce soit. Et pourtant…
À tous les extraterrestres qui me lisent… Vous avez le droit d’exister, même si les Terriens ne vous comprennent pas et que le validisme vous fait croire le contraire…
Et ça n’empêche pas d’avoir des héros de série qui sont codés autistes et TDAH ! (Tout ça sans faire pleurer dans les chaumières)
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