Vous connaissez sans doute cette métaphore de la résilience représentée par l’art du kintsugi… Cet art japonais consiste à réparer les objets en céramique endommagé en colmatant les fissures avec de l’or. La métaphore de la résilience implique que l’on peut faire la même chose avec les êtres humains.
Cette métaphore que nous mangeons à toutes les sauces sur les réseaux sociaux section développement personnel est-elle une bonne idée ? (Non. Arrêtez avec cette métaphore).
Sublimer les trauma avec cette métaphore de la résilience
Le kintsugi vise à réparer un objet brisé et le résultat rend l’objet plus magnifique encore.
L’appliquer à un être humain signifie donc que notre être humain servant d’exemple a pu magnifier toutes ses blessures pour en ressortir plus beau encore. Autrement dit : « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ».
Non. Ce qui ne nous tue pas nous donne du stress post-traumatique.
Cette métaphore du kintsugi et du « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort » dit aux personnes qui se sentent brisées qu’elles peuvent se réparer et être plus belles encore… Qu’elles doivent se retrousser les manches et bosser pour atteindre ce résultat (j’avais une métaphore moins jolie en tête…).
Alors certes, peut-être que cela peut motiver certaines personnes et les aider à aller mieux.
Mais cette métaphore cache le fait que c’est compliqué. Pour certaines personnes cela peut même sembler impossible. Et qu’est-ce que nous faisons face à une tâche qui semble impossible ? On abandonne.
Et puis dans certaines situations nous n’avons pas forcément le contrôle sur tous les facteurs qui nous pourrissent la vie, rendant le changement désiré impossible. (Mais peut-être qu’un compromis est possible)
De plus, cette idée met sous le tapis le fait que la personne a vécu des événements difficiles, traumatisants. Et bon… Ce serait quand même mieux de ne pas avoir vécu ces événements… Puis c’est l’empêcher d’être bienveillant avec elle-même en cas de rechute.
Pensée magique, métaphore de la résilience, injonction à aller bien, dérives sectaires
Alors oui je mets tout dans le même sac… Mais vous allez comprendre.
J’avais déjà parlé de la pensée magique. Petit résumé toutefois… Dans la pensée magique, la pensée influe sur ce que nous sommes et ce que nous attirons. Ainsi, il faut avoir les bonnes pensées pour être en bonne santé et obtenir ce que l’on souhaite… Si quelque chose ne va pas, cela signifie que c’est de votre faute…
Avec le kintsugi, vous sublimez vos blessures pour en faire quelque chose de plus beau, artistique.
Ajoutez à ce cocktail un peu de positivité toxique (toutes les injonctions à aller bien, « ça va aller… ») et vous obtenez un bien curieux mélange…
Vous avez vécu quelque chose de difficile, de traumatisant, qui demande du temps pour s’apaiser ? Il faut absolument que vous vous en sortiez rapidement, parce que sinon c’est de votre faute, vous n’avez pas fait assez de thérapie… Et puis en plus, vous allez sûrement entendre que cet événement vous a rendu plus fort, plus beau, plus heureux… (Attention, si vous avez vécu un événement de ce type et que cela vous aide à aimer la vie… Super pour vous hein, chacun fait comme il peut !)
Puis si ça ne va toujours pas, c’est encore de votre faute et de votre incapacité à aller mieux hein ?
Ou alors que vous avez dû rater une mise à jour de votre cerveau quelque part ?
Parce que en plus il faut sans cesse se mettre à jour avec la nouvelle pratique de développement personnel à la mode, le nouveau stage de bien-être, pour être sans cesse plus performant malgré ses blessures !
Foutons-nous la paix bordel
Avons-nous besoin de cette nouvelle thérapie, nouvel objet, dernier livre de développement personnel ? Notre mieux-être est-il forcément à l’extérieur de nous, achetable en grande surface ? ( Le bonheur se trouve-t-il dans un sachet de Maltesers ? OUI)
Ça ne va pas ? Il est peut-être temps de prendre une pause… De se laisser le temps de digérer.
Parce que après tout, avec ce sac de positivité, on n’a pas vraiment le temps de digérer les émotions peu aimées. En plus, cela présuppose qu’on n’a pas le droit d’être mal…
Alors si ça ne va pas… Ça ne va pas. C’est normal. Prenons un peu de temps, de repos. (Allons se plaindre un peu)
Pensez-y quand vous croiserez une personne pour qui ça ne va pas… Laissez-lui un peu de temps pour développer pourquoi avant de lui lancer une phrase toute faite de cette foutue positivité !
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